bertrand russell eloge de l oisiveté pdf
386 étoiles sur 5 de 59 Commentaires client Télécharger Éloge de l'oisiveté PDF Bertrand Russell - Les méthodes de production modernes nous ont donné la possibilité de permettre à tous de vivre dans l'aisance et la sécurité.
Léloge de l’oisiveté en révèle l’intérêt social. Bertrand Russell affirme que l’individu a besoin du loisir pour accéder aux meilleures choses de la vie, ce que les travailleurs reconnaissent eux-mêmes. La pénibilité du travail n’est pas une fin en soi, elle n’est que le moyen de sa propre suppression, c’est-à-dire d’une existence plus heureuse.
Téléchargezgratuitement le livre Eloge de l’oisiveté, publié le 18/01/2002 par l'éditeur Allia en format .epub ou .pdf. Le fichier a des 38 pages et sa taille est de 182kb (fichier .epub). Le fichier a des 38 pages et sa taille est de 182kb (fichier .epub).
Elogede l'oisiveté de Bertrand Russell Un document des plus intéressants sur la relation travail / loisir Avec ce livre écrit en 1930, l'éditeur poursuit son propre éloge de la paresse, pour installer une véritable collection. Et dans ce livre comme dans les autres, c'est «la morale du travail de l'Etat esclavagiste» qui est stigmatisée, l'oisiveté étant supposée
ÉLOGEDE L’OISIVETÉ Bertrand Russell (1932) L’auteur : Bertrand Russell (1872-1970) Russell est un mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique. Russell est considéré comme l'un des philosophes les plus importants du XXème siècle. Sa pensée peut être présentée selon trois grands axes : • La
Rencontre Femme Antillaise Ile De France. Le célèbre mathématicien et philosophe Bertrand Russell a tenté d'appliquer la clarté qu'il admirait dans le raisonnement mathématique à la solution de problèmes dans d'autres domaines, en particulier l'éthique et la politique. Dans cet essai, publié pour la première fois en 1932, Russell plaide en faveur d'une journée de travail de quatre heures. Examiner si ses arguments pour la paresse» méritent un examen sérieux aujourd'hui. Éloge de l'oisiveté par Bertrand Russell Comme la plupart de ma génération, j'ai été élevé sur le dicton Satan trouve quelque méfait à faire pour des mains oisives. Étant un enfant très vertueux, j'ai cru tout ce qu'on m'a dit et j'ai acquis une conscience qui m'a permis de travailler dur jusqu'à présent. Mais bien que ma conscience ait contrôlé mes actions, mes opinions ont subi une révolution. Je pense qu'il y a beaucoup trop de travail accompli dans le monde, qu'un immense tort est causé par la croyance que le travail est vertueux et que ce qui doit être prêché dans les pays industriels modernes est très différent de ce qui a toujours été prêché. Tout le monde connaît l'histoire du voyageur de Naples qui a vu douze mendiants allongés au soleil c'était avant l'époque de Mussolini, et a offert une lire aux plus paresseux d'entre eux. Onze d'entre eux se sont levés pour le réclamer, alors il l'a donné au douzième. ce voyageur était sur la bonne voie. Mais dans les pays qui ne jouissent pas du soleil méditerranéen, l'oisiveté est plus difficile, et une grande propagande publique sera nécessaire pour l'inaugurer. J'espère qu'après avoir lu les pages suivantes, les dirigeants du YMCA lanceront une campagne pour inciter les bons jeunes gens à ne rien faire. Si c'est le cas, je n'aurai pas vécu en vain. Avant d'avancer mes propres arguments pour la paresse, je dois en disposer d'un que je ne peux pas accepter. Chaque fois qu'une personne qui a déjà assez de quoi vivre propose de s'engager dans une sorte de travail quotidien, comme l'enseignement scolaire ou la dactylographie, on lui dit qu'une telle conduite prend le pain de la bouche des autres et est donc méchante. Si cet argument était valable, il suffirait que nous soyons tous oisifs pour que nous ayons tous la bouche pleine de pain. Ce que les gens qui disent de telles choses oublient, c'est que ce qu'un homme gagne, il le dépense habituellement et, en dépensant, il donne un emploi. Tant qu'un homme dépense son revenu, il met autant de pain dans la bouche des gens en dépenses qu'il en retire de la bouche des autres pour gagner. Le vrai méchant, de ce point de vue, est l'homme qui sauve. S'il se contente de mettre ses économies dans un bas, comme le proverbe paysan français, il est évident qu'ils ne donnent pas d'emploi. S'il investit son épargne, la question est moins évidente et différents cas se présentent. L'une des choses les plus courantes à faire avec l'épargne est de la prêter à un gouvernement. Compte tenu du fait que la majeure partie des dépenses publiques de la plupart des gouvernements civilisés consiste à payer les guerres passées ou à préparer les guerres futures, l'homme qui prête son argent à un gouvernement est dans la même situation que les hommes mauvais de Shakespeare qui embauchent assassins. Le résultat net des habitudes économiques de l'homme est d'augmenter les forces armées de l'État auquel il prête ses économies. Évidemment, ce serait mieux s'il dépensait de l'argent, même s'il le dépensait pour boire ou pour jouer. Mais, me dira-t-on, le cas est bien différent lorsque l'épargne est investie dans des entreprises industrielles. Lorsque de telles entreprises réussissent et produisent quelque chose d'utile, cela peut être concédé. De nos jours, cependant, personne ne niera que la plupart des entreprises échouent. Cela signifie qu'une grande partie du travail humain, qui aurait pu être consacrée à la production de quelque chose qui pouvait être apprécié, a été consacrée à la production de machines qui, une fois produites, étaient inactives et ne faisaient de bien à personne. L'homme qui investit son épargne dans une entreprise en faillite blesse donc aussi bien les autres que lui-même. S'il dépensait son argent, disons, à faire des fêtes pour ses amis, ils on peut l'espérer auraient du plaisir, tout comme tous ceux à qui il a dépensé de l'argent, comme le boucher, le boulanger et le pirate. Mais s'il le dépense disons en posant des rails pour la carte de surface dans un endroit où les voitures de surface s'avèrent ne pas être recherchées, il a détourné une masse de travail dans des canaux où cela ne fait plaisir à personne. Néanmoins, lorsqu'il deviendra pauvre à cause de l'échec de son investissement, il sera considéré comme une victime d'un malheur immérité, tandis que le dépensier gay, qui a dépensé son argent de manière philanthropique, sera méprisé comme un imbécile et une personne frivole.. Tout cela n'est que préliminaire. Je veux dire, très sérieusement, que beaucoup de mal est fait dans le monde moderne par la croyance en la vertu du travail, et que le chemin du bonheur et de la prospérité réside dans une diminution organisée du travail. Tout d'abord qu'est-ce que le travail? Le travail est de deux types premièrement, la modification de la position de la matière à la surface de la Terre ou à proximité de celle-ci par rapport à une autre de ces matières; deuxièmement, dire aux autres de le faire. Le premier type est désagréable et mal payé; le second est agréable et très bien payé. Le deuxième type peut être prolongé indéfiniment il y a non seulement ceux qui donnent des ordres, mais ceux qui donnent des conseils sur les ordres à donner. Habituellement, deux types de conseils opposés sont donnés simultanément par deux corps organisés d'hommes; c'est ce qu'on appelle la politique. La compétence requise pour ce type de travail n'est pas la connaissance des sujets sur lesquels les conseils sont donnés, mais la connaissance de l'art de parler et d'écrire de manière persuasive, c'est-à-dire de la publicité. Dans toute l'Europe, mais pas en Amérique, il existe une troisième classe d'hommes, plus respectée que l'une ou l'autre des classes de travailleurs. Il y a des hommes qui, grâce à la propriété de la terre, peuvent faire payer à d'autres le privilège de pouvoir exister et travailler. Ces propriétaires fonciers sont inactifs, et je dois donc les féliciter. Malheureusement, leur oisiveté n'est rendue possible que par l'industrie des autres; en effet, leur désir de paresse confortable est historiquement la source de tout l'évangile du travail. La dernière chose qu'ils aient jamais souhaitée, c'est que les autres suivent leur exemple. Suite à la page deux Suite de la première pageDu début de la civilisation jusqu'à la révolution industrielle, un homme ne pouvait, en règle générale, produire par un travail acharné guère plus que ce qui était nécessaire à sa subsistance et à celle de sa famille, bien que sa femme ait travaillé au moins aussi durement que lui et les enfants ont ajouté leur travail dès qu'ils étaient en âge de le faire. Le petit surplus au-dessus des nécessités nues n'était pas laissé à ceux qui le produisaient, mais il était approprié par les guerriers et les prêtres. En période de famine, il n'y avait pas d'excédent; les guerriers et les prêtres, cependant, ont obtenu autant que d'autres fois, de sorte que de nombreux travailleurs sont morts de faim. Ce système a persisté en Russie jusqu'en 1917 [1], et persiste encore à l'Est; en Angleterre, malgré la révolution industrielle, il est resté en vigueur tout au long des guerres napoléoniennes, et jusqu'à il y a cent ans, lorsque la nouvelle classe de fabricants a acquis le pouvoir. En Amérique, le système a pris fin avec la Révolution, sauf dans le Sud, où il a persisté jusqu'à la guerre civile. Un système qui a duré si longtemps et qui s'est terminé si récemment a naturellement laissé une profonde impression sur les pensées et les opinions des hommes. Une grande partie de ce que nous tenons pour acquis quant à l'opportunité du travail dérive de ce système et, étant préindustriel, n'est pas adapté au monde moderne. La technique moderne a permis au loisir, dans certaines limites, d'être non pas l'apanage de petites classes privilégiées, mais un droit uniformément réparti dans toute la communauté. La morale du travail est la morale des esclaves, et le monde moderne n'a pas besoin de l'esclavage. Il est évident que, dans les communautés primitives, les paysans livrés à eux-mêmes ne se seraient pas départis du mince surplus sur lequel subsistaient les guerriers et les prêtres, mais auraient soit produit moins, soit consommé plus. Au début, la force pure les a obligés à produire et à se séparer du surplus. Peu à peu, cependant, il a été possible d’inciter nombre d’entre eux à accepter une éthique selon laquelle il était de leur devoir de travailler dur, même si une partie de leur travail consistait à soutenir les autres dans l’oisiveté. De cette façon, la contrainte nécessaire a été réduite et les dépenses du gouvernement ont diminué. À ce jour, 99 pour cent des salariés britanniques seraient véritablement choqués s'il était proposé que le roi ne dispose pas d'un revenu supérieur à celui d'un travailleur. La conception du devoir, parlant historiquement, a été un moyen utilisé par les détenteurs du pouvoir pour inciter les autres à vivre pour les intérêts de leurs maîtres plutôt que pour les leurs. Bien sûr, les détenteurs du pouvoir se cachent ce fait en parvenant à croire que leurs intérêts sont identiques aux intérêts plus larges de l'humanité. Parfois c'est vrai; Les propriétaires d'esclaves athéniens, par exemple, consacraient une partie de leurs loisirs à apporter une contribution permanente à la civilisation, ce qui aurait été impossible dans un système économique juste. Le loisir est essentiel à la civilisation, et dans le passé, le loisir de quelques-uns n'était rendu possible que par les travaux du plus grand nombre. Mais leurs travaux étaient précieux, non pas parce que le travail est bon, mais parce que les loisirs sont bons. Et avec la technique moderne, il serait possible de répartir les loisirs équitablement sans nuire à la civilisation. La technique moderne a permis de réduire énormément la quantité de travail requise pour assurer les nécessités de la vie de chacun. Cela a été rendu évident pendant la guerre. À cette époque, tous les hommes des forces armées et tous les hommes et toutes les femmes engagés dans la production de munitions, tous les hommes et toutes les femmes engagés dans l'espionnage, la propagande de guerre ou les bureaux du gouvernement liés à la guerre ont été retirés des activités productives. Malgré cela, le niveau général de bien-être des salariés non qualifiés du côté des Alliés était plus élevé qu'avant ou depuis. L'importance de ce fait était cachée par la finance l'emprunt donnait l'impression que l'avenir nourrissait le présent. Mais cela, bien sûr, aurait été impossible; un homme ne peut pas manger une miche de pain qui n'existe pas encore. La guerre a montré de manière concluante que, grâce à l'organisation scientifique de la production, il est possible de maintenir les populations modernes dans un bon confort sur une petite partie de la capacité de travail du monde moderne. Si, à la fin de la guerre, l'organisation scientifique, qui avait été créée pour libérer les hommes pour les combats et les travaux de munitions, avait été préservée et les heures de la semaine réduites à quatre, tout aurait été bien . Au lieu de cela, l'ancien chaos a été restauré, ceux dont le travail était demandé ont dû travailler de longues heures, et les autres ont dû mourir de faim comme chômeurs. Pourquoi? Parce que le travail est un devoir, et qu'un homme ne devrait pas recevoir un salaire proportionnel à ce qu'il a produit, mais proportionné à sa vertu comme en témoigne son industrie. Telle est la moralité de l'État esclave, appliquée dans des circonstances totalement différentes de celles dans lesquelles il est né. Pas étonnant que le résultat ait été désastreux. Prenons une illustration. Supposons qu'à un moment donné, un certain nombre de personnes soient engagées dans la fabrication d'épingles. Ils fabriquent autant d'épingles que le monde en a besoin, travaillant disons huit heures par jour. Quelqu'un fait une invention grâce à laquelle le même nombre d'hommes peut fabriquer deux fois plus d'épingles les épingles sont déjà si bon marché que presque plus ne seront achetées à un prix inférieur. Dans un monde sensé, toutes les personnes concernées par la fabrication d'épingles prendraient quatre heures au lieu de huit, et tout le reste continuerait comme avant. Mais dans le monde réel, cela serait considéré comme démoralisant. Les hommes travaillent encore huit heures, il y a trop d'épingles, certains employeurs font faillite, et la moitié des hommes qui s'occupaient auparavant de fabriquer des épingles sont licenciés. Il y a, en fin de compte, autant de loisirs que sur l'autre plan, mais la moitié des hommes sont totalement inactifs tandis que la moitié est encore surmenée. De cette façon, il est assuré que le loisir inévitable causera la misère tout autour au lieu d'être une source universelle de bonheur. Peut-on imaginer quelque chose de plus fou? Suite à la page trois Suite de la page deuxL'idée que les pauvres devraient avoir des loisirs a toujours choqué les riches. En Angleterre, au début du dix-neuvième siècle, quinze heures étaient le travail ordinaire d'un homme; les enfants en faisaient parfois autant, et très souvent douze heures par jour. Lorsque des corps occupés et indiscrets ont suggéré que ces heures étaient peut-être assez longues, on leur a dit que le travail empêchait les adultes de boire et les enfants de mal. Quand j'étais enfant, peu de temps après que les ouvriers urbains eurent obtenu le vote, certains jours fériés étaient institués par la loi, au grand dam des classes supérieures. Je me souviens avoir entendu une vieille duchesse dire Que veulent les pauvres en vacances? Ils devraient travailler. De nos jours, les gens sont moins francs, mais le sentiment persiste et est à l'origine d'une grande partie de notre confusion économique.
C’est un essai qu’on regarde d’abord du coin de l’œil, sourire aux lèvres. Son titre et son sous-titre en jaune fluo semblent plus provocateurs que dignes de la page psy du lundi. Voyez plutôt Ne rien faire, une méthode approximative & contradictoire pour devenir paresseux sans se donner trop de mal Ed. Kero, 2019. Et puis, à lire cette fine fugue du journaliste Thomas Baumgartner, on est frappé par sa pertinence et sa profondeur. Pas seulement parce que Sénèque, André Filliou, Paul Lafargue ou Stevenson sont conviés en renfort de cette thèse du moindre effort. Surtout, parce qu’il s’en dégage une sérénité, une détermination à viser le moins d’encombrements pour le plus de liberté et de fantaisie. Et puis, la flemme a ses héros, Snoopy, Gaston Lagaffe, The Big Lebowski… Des modèles qui nous rappellent qu’être humain, ce n’est pas se tuer à la tâche, mais apprécier la richesse infime et infinie du quotidien. La paresse s’apprivoise, l’oisiveté a son mode d’emploi. Suivez le guide!Ni dormir, ni mourirAvant tout, l’auteur, qui a brillé à France Culture avant de diriger pendant deux ans Radio Nova, présente ce que ne rien faire» n’est pas. Ce n’est ni dormir, ni mourir. Car il faut être éveillé et vivant pour mener ce combat du rien, ce sublime dénuement qui permet l’éclosion d’une nouvelle dimension. Ce n’est pas le silence, non plus, car le silence renverrait le sujet à ses acouphènes – oui, le futur oisif a beaucoup fait la fête par le passé. Mais ce peut être une musique sans début, ni fin, une musique expérimentale, car si l’on écoute de la pop, on chante le refrain et, du coup, on ne fait pas rien. Cela dit, comme Thomas Baumgartner cultive la contradiction, il autorise Jacques Higelin, chantre du moment présent et de la chute dans l’inconnu. Tombé du ciel…Alors, ne rien faire, c’est quoi? C’est, impérativement, rester chez soi. Pour deux raisons. Déjà parce que sortir expose à une interaction sociale et dans interaction, il y a action». Ensuite, parce que nos appartements recèlent des trésors totalement sous-estimés. En restant chez soi, parfaitement inactif, mais les yeux ouverts, on revisite son propre foyer, on en redécouvre les charmes autrefois négligés par un rapport fonctionnel et pressé au aussi Osez vous reposer!Mieux habiter l’espace privé, c’est aussi s’habiter soi-même. Redécouvrir son corps sans qu’il soit souffrant ou blessé. Lorsqu’on travaille, on ne remarque le corps que quand il défaille. De fait, dans les bureaux, dit l’auteur, les corps souffrent beaucoup. La position assise perturbe votre digestion, affaisse votre sangle abdominale, prépare les phlébites.» Quant à l’écran, il vous accapare. Sachez que des yeux qui ne s’exercent qu’à quelques centimètres développent une myopie. Il faut voir court et loin dans la même journée, plusieurs fois, pour maintenir souple le cristallin.» Enfin, le corps souffre aussi de s’habiller serré, rigide, haut perché, etc. A la maison, le corps dit sa joie en robe légère ou en pyjama. Découvrez notre grand-format Une semaine sans smartphone? Des lecteurs du Temps tentent l’expérience Vous vous ennuyez déjà? C’est un risque, mais c’est un ennui fertile qui, une fois apprivoisé, débouche sur une richesse inouïe. Ne désire rien, ne décide rien, ne choisis rien», enseignait l’artiste Robert Filliou à qui voulait atteindre la création permanente». Dans l’inaction, la moindre sensation, le plus petit détail visuel ou sonore prennent une immense importance, le sujet se transforme en plaque sensible».Et, bon à savoir aussi, le mode par défaut permet de construire notre mémoire. Quand on ne fait rien, le cerveau fait le point», complète le journaliste qui, pour libérer l’espace mental, conseille de planter son smartphone dans les plantes près de l’entrée. Le sage Sénèque recommande l’oisiveté otius qui seule permet un recul méditatif à la fois positif et salvateur». Et puis, ironise l’auteur, il n’y a pas que les oisifs qui s’ennuient. Déjà bien documenté, le phénomène du bore-out ou ennui au travail est plus courant et toxique que l’ennui domestique. Egalement disponible S’ennuyer au travail? Un enfer qui tue Mais assez de tentatives de légitimation! Le flemmard est politique et appelle à la rébellion, se réjouit Thomas Baumgartner avant de citer ses auteurs phares. Je suis affamé de liberté et me saoule à la paresse», clame Clément Pansaers dans son Apologie de la paresse, en 1921. Avant lui, dans Le Droit à la paresse, de 1883, Paul Lafargue fustige les ouvriers qui se rendent complices des bourgeois» en tentant de rivaliser de zèle avec la machine alors qu’ils pourraient simplement se reposer sur avant, dans son Apologie des oisifs, de 1877, Stevenson, l’écrivain aventurier, prône l’école buissonnière et l’année sabbatique pour que les jeunes découvrent un savoir non normé. Enfin, le philosophe britannique Bertrand Russell écrit un Eloge de l’oisiveté, en 1932, qui postule un monde où l’on ne travaillerait pas plus de quatre heures par jour». Alors, le bonheur et la joie prendront la place de la fatigue nerveuse, les hommes et les femmes deviendront plus enclins à la bienveillance et le goût de la guerre disparaîtra».Gaston le magnifiqueCe ne sont pas les pacifiques Gaston Lagaffe ou Snoopy, oisifs canoniques, qui contrediront ces propos. Le premier fait palpiter le cœur de Mademoiselle Jeanne avec ses trouvailles aussi ingénieuses qu’inutiles. Le second est le poète parfait, chien de chasse qui ne chasse jamais, préférant vivre dans un univers imaginaire où il se voit astronaute, pilote d’élite ou chevalier. Lire enfin Une sieste par jour, le meilleur médicament L’auteur cite encore Antoine Doinel, personnage fétiche de François Truffaut, qui passe ses journées à peindre des fleurs dans la cour d’un immeuble. Ou The Big Lebowski, des frères Coen, inactif flamboyant, imperméable aux angoisses communes», comme la trace que chacun a le souci de laisser. C’est que, avait prévenu le journaliste dans son intro, ne rien faire suppose de dompter son ego et d’oublier l’idée même de postérité au profit d’un présent jouissif, car désaliéné…Oui, mais alors, comment marchera le monde, si tout le monde troque l’activité contre le désœuvrement? Comment fera-t-on pour manger, se loger, se déplacer, etc.? En dandy dégagé, Thomas Baumgartner ne résout pas cette impossible équation. Il défend uniquement l’idée du revenu universel, rente de base distribuée à chacun sans distinction. Son rayon à lui, c’est le temps retrouvé, la rêverie éveillée, la liberté de dire un peu non. Et c’est un rayon que, sans culpabilité aucune, nous gagnerons tous à explorer. Pour compléter sur The Big Lebowski The Dude, la naissance du cool
Travail forcé et éthos du travail Claus Peter Ortlieb* Voir le Fichier C_P_Ortlieb_Travai Les méthodes de production modernes ont rendu possibles le confort et la sécurité pour tous ; à la place, nous avons choisi le surmenage pour les uns et la famine pour les autres. Jusqu’à présent nous avons continué à déployer la même activité qu’au temps où il n’y avait pas de machines ; en cela nous nous sommes montrés stupides, mais rien ne nous oblige à persévérer éternellement dans cette stupidité. » Bertrand Russell, Eloge de l’oisiveté, 1932 Quatre-vingt ans et une crise économique mondiale plus tard, notre intelligence n’a manifestement guère progressé, au contraire si depuis lors la productivité du travail dans l’industrie et l’agriculture s’est vue grosso modo décuplée, on ne peut pas dire qu’elle ait apporté à tous confort et sécurité. L’Europe, qui certes, pour le moment, s’est sort encore relativement bien, assiste à une hausse record de son taux de chômage. Quant aux quelques îlots qui demeurent compétitifs au plan global, ils luttent depuis des années déjà contre les nouvelles pandémies provoquées par la contraction progressive de l’offre de travail du burn-out-syndrom[1] à la mort subite due au surmenage en passant par la consommation routinière de produits psychopharmaceutiques. Gardons-nous cependant d’imaginer que cette ardeur excessive au travail constatée par Russell ne serait rien d’autre qu’une habitude devenue obsolète et qu’il nous suffirait de laisser tomber – une habitude héritée du temps où il n’y avait pas de machines. Au Moyen Age, où le travail comme fin en soi était chose inconnue, on travaillait en fait moins qu’aujourd’hui. La raison en est simple le travail tel que nous l’entendons, c’est-à-dire la dépense abstraite d’énergie humaine indépendamment de tout contenu particulier, est historiquement spécifique. On ne le rencontre que sous le capitalisme. Dans n’importe quelle autre formation sociale, l’idée aujourd’hui si universellement répandue selon laquelle un travail, quel qu’il soit, vaut mieux que pas de travail » aurait paru, à juste titre, complètement délirante. Ce délire est le principe abstrait qui régit les rapports sociaux sous le capitalisme. Si l’on fait abstraction des activités criminelles, le travail – qu’il s’agisse du nôtre ou de l’appropriation de celui d’autrui – est pour nous l’unique moyen de participer à la société. Mais, en même temps, il ne dépend pas du contenu de l’activité en question ; que je fasse pousser des pommes de terre ou que je fabrique des bombes à fragmentation n’a aucune importance, du moment que mon produit trouve un acheteur et transforme ainsi mon argent en davantage d’argent. Base de la valorisation de la valeur, le travail constitue une fin en soi et un principe social contraignant dont l’unique but consiste à accumuler toujours plus de travail mort » sous forme de capital. Une contrainte à laquelle tout est soumis dans la même mesure ne se maintiendra durablement qu’à condition que ceux qu’elle ligote apprennent à aimer leurs chaînes. En cela aussi la société bourgeoise se distingue des précédentes. D’Aristote à Thomas d’Aquin en passant par Augustin, les philosophes de l’Antiquité et du Moyen Age ont célébré l’oisiveté – et surtout pas le travail – comme la voie menant à une vie heureuse Au dire de la plupart des hommes, le bonheur ne va pas sans le plaisir. » Aristote 384 – 322 av. Ethique à Nicomaque L’apprentissage de la vertu est incompatible avec une vie d’artisan et de manœuvre. » Aristote, Politique Quittons ces vaines et creuses occupations abandonnons tout le reste pour la recherche de la vérité. » Augustin 354 – 430 ap. Les Confessions Absolument et de soi la vie contemplative est plus parfaite que la vie active. » Thomas d’Aquin 1125 – 1274, Somme théologique D’autres ne seront pas du même avis, tels par exemple les fondateurs de certains ordres monastiques qui verront dans le travail un moyen d’atteindre l’ascèse et l’abstinence. Mais c’est seulement au protestantisme qu’il reviendra d’en faire un principe à grande échelle, appliqué à l’ensemble de la population L’oisiveté est péché contre le commandement de Dieu, car Il a ordonné qu’ici-bas chacun travaille. » Martin Luther 1483 – 1546 Et les Lumières n’auront de cesse d’élever l’éthos du travail, autrement dit l’obligation morale de travailler, au rang de fin en soi Il est de la plus haute importance que les enfants apprennent à travailler. L’homme est le seul animal qui doit travailler. » Kant, Réflexions sur l’éducation, 1803 La plus grande perfection morale possible de l’homme est de remplir son devoir et par devoir. » Kant, Principes métaphysiques de la morale, 1797 Il n’existe qu’une seule échappatoire au travail faire travailler les autres pour soi. » Kant, Critique du jugement, 1790 De ces trois vices la paresse, la lâcheté, la fausseté, le premier semble être le plus méprisable. » Kant, Anthropologie d’un point de vue pragmatique, 1798 Que l’on s’informe tout particulièrement sur les personnes qui se distinguent par une conduite indigne ! On découvrira invariablement soit qu’elles n’ont pas appris à travailler, soient qu’elles fuient le travail. » Fichte, Discours à la nation allemande, 1807 Comme il apparaît déjà dans les dernières citations, l’amour du travail s’avère étroitement lié à la haine des oisifs Chacun doit pouvoir vivre de son travail, dit un principe avancé. Ce pouvoir-vivre est donc conditionné par le travail et n’existe nullement là où la condition ne serait pas remplie. » Fichte, Fondement du droit naturel, 1796 Dans les pays chauds, l’homme est mûr plus tôt à tous égards mais n’atteint pas la perfection des zones tempérées. L’humanité dans sa plus grande perfection se trouve dans la race blanche. Les Indiens jaunes n’ont que peu de capacités, les Noirs leur sont bien inférieurs encore, et au plus bas de l’échelle se placent certaines peuplades américaines. » Kant, Géographie physique, 1802 Le barbare est paresseux et se distingue de l’homme civilisé en ceci qu’il reste plongé dans son abrutissement, car la formation pratique consiste précisément dans l’habitude et dans le besoin d’agir. » Hegel, Principes de la philosophie du droit, 1820 Ces propos excluants et racistes sous la plume des philosophes des Lumières ne sont nullement de simples accidents de parcours mais relèvent au contraire de l’essence même de l’idéologie du travail. Parce que ce courant de pensée transfigure le travail en véritable but de l’existence de l’homme », tous les désœuvrés se voient par contrecoup exclus de la race humaine » l’homme est tenu de travailler ; partant, celui qui ne travaille pas ne peut prétendre au statut d’être humain à part entière. Ce qui s’exprime ici, c’est la colère du bourreau de travail blanc envers la pression qu’il s’est lui-même imposée, une colère qui prend pour cible tout ce qui fait mine de ne pas se soumettre à ladite pression et de mener une existence oisive les femmes, en charge de la vraie vie » au sein de la sphère privée – dissociée du travail – de la famille bourgeoise ; toutes sortes de peuples les attributions sont, cette fois, plus variées vivant, sans travailler, d’amour et d’eau fraîche ; ou encore le capital accapareur[2] », qui s’approprie sans travailler la survaleur créée par d’autres. Les idéologies modernes du sexisme, du racisme, de l’antitsiganisme et de l’antisémitisme sont fondées, elles aussi, sur l’éthos du travail. A partir des années 1970, en faisant disparaître du procès de production des quantités toujours croissantes de travail, le potentiel de rationalisation de la microélectronique a plongé le capitalisme dans la crise. Pour autant, la pression intérieure et extérieure qui pousse les hommes à travailler n’a pas diminué mais s’est même au contraire accentuée à mesure que se raréfiaient les emplois ». Pour les laissés pour compte, les conditions se sont durcies ils sont désormais trop nombreux pour que leur entretien humain reste longtemps encore compatible avec le maintien de la compétitivité au plan global. La nécessité incontournable de ramener les hommes au travail » Angela Merkel ne fait qu’obscurcir la perception du problème la responsabilité du chômage ne serait plus imputable à la disparition progressive du travail mais aux chômeurs eux-mêmes, qu’il faudrait par conséquent ramener, par tous les moyens de coercition dont on dispose, à un travail qui n’existe plus. Quelque chose de semblable se déroule également au niveau européen on impose aux pays en faillite » restés à la traîne de l’Europe des politiques d’austérité grâce auxquelles ils sont censés, une fois cette pénible épreuve traversée, redevenir compétitifs. C’est aussi crédible que si la Fédération allemande de football prétendait, par un entraînement approprié, hisser tous à la fois les dix-huit clubs de la Bundesliga[3] aux quatre places possibles en Ligue des champions[4]. Il n’y a manifestement d’issue que dans l’abolition du travail, mais cela implique bien sûr d’abolir également le capitalisme. S’y oppose en outre notre éthos du travail, fruit de plusieurs siècles de dressage D’aucuns diront qu’il est certes agréable d’avoir un peu de loisir, mais que les gens ne sauraient pas comment remplir leurs journées s’ils n’avaient à travailler que quatre heures par jour. Dans la mesure où cela est vrai dans le monde moderne, cela constitue un reproche adressé à notre civilisation ; à toute autre époque antérieure, ce n’aurait pas été le cas. » Bertrand Russell, Eloge de l’oisiveté, 1932 Le sort que Hegel assignait aux barbares » nous revient donc celui qui est sans emploi n’a plus qu’à rester plongé dans son abrutissement ». Autrement dit si le sujet bourgeois répugne tellement à imaginer sa vie sans le travail, c’est aussi parce que derrière son éthos du travail rôde la peur panique de sa propre vacuité. Version augmentée du texte publié dans Konkret, n°5, 2012 Traduction de l’allemand Sînziana [1]Ndt Syndrome d’épuisement professionnel. [2]Ndt Allusion à la vision nazie mais qui est aussi celle d’une partie de la gauche opposant un bon capital créateur schaffende Kapital à un mauvais capital accapareur raffende Kapital. [3]Ndt Le championnat fédéral allemand. [4]Ndt Le championnat européen.
© Librairies indépendantes du Québec, coopérative 2022. Tous droits réalisation iXmédia
Je ne souhaite pas que ce blog devienne une tribune politique. Mais je ne suis pas imperméable à ce qui se passe autour de moi. Ma vie est imprégnée de mes rencontres et découvertes. La politique me passionne attention pas celle qui s'affiche à la télé et sur de nombreux journaux, la vraie, la science des affaires de la cité comme son origine étymologique en témoigne. Connaître nos origines celles de l'homme, de la vie, comprendre comment nous vivons, ce que sont les sociétés organisées, ce qu'elles deviennent, comment elles entretiennent des relations, tout cela est fondamentalement passionnant. Ainsi, les discours de nos hommes et femmes politiques y compris ceux qui s'affichent partout en ce moment et qui ont tendance à s'emmêler les pinceaux en confondant les sphères publiques et privées, ces disours donc résonnent en moi et m'interpellent. Mes lectures, mes choix de sorties, s'en trouvent souvent orientées, ou, si elles ne le sont pas, provoquent parfois des avez lu récemment dans la rubrique "Humeurs" mon opinion sur le slogan sarkozyen "travaillez plus pour gagner plus". J'avais alors tenté d'illustrer mon propos avec des ouvrages de la littérature enfantine et ce cher homonyme Jean-François, du Blog à Jef nous proposait aussi dans ce billet écrit à quatre mains deux livres et un film. J'ai lu celui qui me manquait et voilà qu'il tombe à point nommé, à l'instant même où les menaces les plus sérieuses pèsent sur une des évolutions les plus importantes de ces dernières decennies la réduction de temps de travail. Il faut dire qu'il avait fallut attendre plus de deux générations pour que à nouveau il y ait une réduction significative. En 1936, le Front Populaire diminuait de huit heures la semaine de travail en passant à 40 heures et enfin à l'aube du XXI° siècle nous gagnions encore 4 heures d'oisiveté grâce aux lois Aubry Mitterand nous avait royalement accordé une heure lors de son intronisation en arrivant à 35 heures. Pour plus détails se reporter à cet article historique sur Wikipédia. Mais cela est-il à peine tout juste suffisant que nous voilà replongés 70 ans en arrière. Et en plus on voudrait nous faire croire que les "35 heures" étaient une loi rétrograde, passéiste, une formidable erreur dans le concert des Nations. Regardez donc nos voisins ? Ils travaillent eux ! Ben oui ! Mais on dira ce qu'on voudra, j'aime bien être différent surtout quand ma qualité de vie s'en trouve améliorée. Mais voilà, il faudrait que les mentalités évoluent. Et notamment sur la question de la notion de "Travail". Il est crucial de bien définir ce concept. Je vous propose donc de lire ou relire en ces temps obscurs Bertrand Russell et son éloge de l'oisiveté. Je n'en dirais pas plus sur le livre et vous donne juste quelques extraits... Ah ! si, tout de même, il a été écrit en 1932, et publié simultanément à Londres et à New-York. Certain pourtant que les inspirateurs des lois du Front Populaire RTT, Congés payés... ont dû l'avoir sur leur table de chevêt. Il faudrait l'offir à tous ceux qui pensent que le travail libère l'homme... "En effet, j'en suis venu à penser que l'on travaille beaucoup trop de par le monde, que de voir dans le travail une vertu cause un tort immense, et qu'il importe à présent de faire valoir dans les pays industrialisés un point de vue qui diffère radicalement des préceptes traditionnels." "... la voie du bonheur et de la prospérité passe par une diminution méthodique du travail." "Il existe deux types de travail le premier consiste à déplacer une certaine quantité de matière... le second, à dire à quelqu'un d'autre de le faire. Le premier type de travail est désagréable et mal payé ; le second est agréable et très bien payé." "La morale du travail est une morale d'esclave, et le monde moderne n'a nul besoin de l'esclavage."Bonne lecture...Eloge de l'oisiveté de Bertrand Russell, éditions Allia, Petite collection, Paris - 6,10 €.
bertrand russell eloge de l oisiveté pdf